Cette année, la journée internationale des droits des femmes a une saveur particulière, pour trois raisons. L’une est d’ordre internationale, justement. La seconde concerne notre pays. La dernière est bien plus personnelle.
C’est le cœur un peu plus léger que j’écoutais la conférence de presse du Conseil Fédéral le 16 février dernier, car ils y annonçaient la levée de la quasi-totalité des mesures COVID. Un sentiment de soulagement général prévalait alors auprès de la population. Quelques jours plus tard, Vladimir Poutine envahissait l’Ukraine, le sentiment de soulagement n’avait pas duré bien longtemps. En cette journée internationale des droits des femmes, j’aimerais avoir une pensée pour toutes celles qui fuient la guerre, en Ukraine mais également en Afghanistan, en Syrie et au Yémen ; pour ne citer que quatre pays en proie à la guerre actuellement. J’aimerais également avoir une pensée pour toutes les femmes Russes qui souffrent dans ce régime dictatorial et éminemment patriarcal. De plus, le 8 mars est une fête importante en Russie. En 1917, à Petrograd, avaient lieu les premières manifestations d’ouvrières. Les bolcheviks désignent cette date comme le premier jour de la révolution russe. Nul doute qu’en Russie l’humeur n’est pas à la commémoration aujourd’hui. Partout dans le monde, des femmes souffrent pour la seule raison qu’elles sont des femmes. Les conflits armés ajoutent une dimension inédite à l’oppression des femmes. Le féminisme se veut solidaire et inclusif de toutes les minorités opprimées. Aujourd’hui, dans le cadre du conflit sévissant en Ukraine, les féministes réclament des couloirs humanitaires sûrs ainsi que des conditions d’évacuation des civils dignes.
Revenons du côté de notre pays, où le parlement fédéral a adopté en décembre la réforme dite « AVS 21 » qui a pour but d’assurer l’équilibre financier de l’AVS. Sans surprise, ce sont les femmes qui paieront l’addition de cet équilibre. À ce jour, les rentes ne sont pas égales car les parcours professionnels spécifiques aux femmes sont jonchés d’inégalités. Les femmes baissent leur temps de travail et en paient l’addition à la retraite. Aujourd’hui, les personnes précarisées à la retraite sont majoritairement des femmes, et ils veulent nous faire travailler encore plus longtemps, c’est non ! Le référendum lancé par la gauche et les syndicats a brillamment abouti, le peuple se prononcera. Il s’agira pour nous, encore une fois, de se battre pour ne pas voir nos acquis s’affaiblir encore.
La dernière raison qui fait de ce 8 mars une date spéciale à mes yeux est tout à fait personnelle. L’an dernier, je suis devenue maman d’une petite fille. Jusqu’à présent, je faisais partie de la nouvelle génération de féministes. La génération qui a pris le relai des combats menés par nos mères et nos grands-mères. Je me battais pour elles, pour moi et mes contemporaines. Aujourd’hui, la lutte a pris un tout autre sens. En ce 8 mars, je me questionne sur ce que nous laisserons aux générations futures de femmes. Nos acquis sont sans-cesse ébranlés. L’égalité salariale est toujours un doux rêve. Les licenciements au retour du congé maternité, si abjectes soient-ils, sont quotidiens dans notre pays. En ce 8 mars, mon regard est tourné vers l’avenir ainsi que sur le sens de nos actions pour la prochaine génération, pour ma fille, pour vos filles.
Je pense qu’il est primordial de garder à l’esprit que le féminisme se doit d’être inclusif et solidaire. Sinon, à quoi bon placer des femmes aux plus hauts postes si c’est pour qu’elles n’aient pas le choix que de perpétuer les inégalités…